10.Marcelle
Il prend son temps. Ce temps qui m’est compté, ses secondes qui me plongent de plus en plus dans le noir, dans la mort.
Je sens déjà l’odeur de la mort sur mon corps alors que dans ma poitrine mon cœur bat encore.
L’odeur de la peur. Je pue la peur.
Une vieille femme qui pue la peur.
Une vieille femme de cinquante cinq ans.
Mais quelle honte !
Relève-toi vieille carcasse !
On n’est pas finie à 50 ans.
Tu peux encore changer ta vie, tu peux encore refaire ta vie.
Mais il faut être vivant pour ça.
Et trempée dans la sueur de ma peur, je suis déjà à moitié morte.
« Réveillez vous » dit la revue posée à mes pieds.
Un sursaut.
Il est encore temps.
Ses pas sont lents dans cet escalier qui grince ma chanson mortuaire.